mardi 31 août 2010

la VOC


Depuis mon passage à Amsterdam, la VOC (compagnie néerlandaise des Indes orientales) m’intrigue et m’ébahis. Et l'histoire de cette compagnie a renforcé mon impression que la transparence et l'équité des actionnaires sont essentielles au bon fonctionnement des compagnies à actions, et pour redonner du pouvoir aux petits épargnants. L'histoire de la VOC est très particulière. À mon avis, elle ne préfigure pas seulement les grandes multinationales, elle démontre (pour ceux qui en douterais encore) que l'état à un rôle structurant à jouer dans l'économie, et particulièrement des "petits" pays. 

État stratège

En effet, la VOC fut créé par une initiative de l'état qui décida d'unir les différentes chambres de commerces des différentes provinces dans la création de cette entreprise. La VOC permis au Provinces-Unis de déclasser commercialement tout ses concurrents européens malgré une population plus petites, un territoire plus petit, des ressources naturelles très limités et une position géographique désavantageuse pour le commerce maritime avec l'orient. Sans cette initiative stratégique de l'état, jamais ce "petit" pays ne ferait parti des grandes nations à avoir bâti un empire colonial.

État régulateur

La chute de ce colosse en 1798 est d'une manière emblématique de la crise financière de 2008-2009  qui a suivi les années de dérégulations. En effet, pour diverses raisons qui mériteraient une étude approfondie, l'état n'intervint pas dans le fonctionnement de la VOC après sa création si ce n'est de tentatives vaines à la toute fin de son existence. La VOC était une société à actions mais les actionnaires avaient bien moins de pouvoir qu'ils ne l'ont de nos jours. Les états financiers qui leurs étaient présentés étaient très partielles et ne pouvaient donner une image juste des profits de la société.1 Le silence des actionnaires était acheté par des dividendes élevés.2 Les actionnaires ne nommaient pas les dirigeants, cette fonction était assuré par les chambres responsables de sa création.3  Ces dirigeants suggéraient aux actionnaires trop critique de vendre leurs actions... Ce qui n'était pas très pertinent dans la mesure où la VOC était un monopole! 4 Parmi les modifications dont la VOC avait un urgent besoin, notons les règles d’éthiques entourant les dirigeants de la compagnie qui travaillait souvent plus dans leur intérêt que dans celui de la compagnie.5 Notons aussi que la rigueur de la règlementation régissant les employés de la VOC combiné à leur maigre salaire en poussa plusieurs à la corruption et à la désertion ce qui raréfia les talents dans la VOC.6 Quand la VOC disparu, les Provinces-Unis ne purent maintenir leur empire coloniale.7

1 La transparence dans les produits financiers et la gestion des compagnies est encore actuelle de nos jours.
2 On a la une certaine ressemblance avec les scandales financiers de nos jours des subprimes à Norbourg.
3 De nos jours les hauts dirigeants ne sont nommés que parts des cliques d'administrateurs souvent liés à des groupes de placements.
4 Ce qui n’est pas sans rappeler les oligopoles qu’on voit de nos jours tel que dans l’industrie automobile.
5 Encore de nos jours l’éthiques, l’intérêt et la rémunération des hauts dirigeants est encore un grande préoccupations
6 La mondialisation et le profit à court terme poussent plusieurs compagnies occidentales rendre leur propre employés moins loyaux.
7 Est-ce le « too big to fail? » Est-ce le sort qui aurait attendu (ou attend) les USA si leur gros joueurs banquiers et automobiles tombaient?

Pour tous ceux qui seraient toujours sceptique comme mon oncle, l'exemple de la VOC en est un de plus en faveur d'un état plus stratège et d'un état régulateur. Mais je suppose que la raison a peu à voir avec ses penchants à droites. Pour moi, la VOC est aussi un exemple de plus en faveur de la souveraineté. Jamais la Hollande n'aurait le statut enviable qu'elle a aujourd'hui, si elle serait restée sous la gouverne d'un autre état. 

Ps. Texte du blogue Sophie Cousineau sur les « progrès » de la « démocratie » dans les sociétés par actions :

« c’est une petite révolution dans la vie des entreprises publiques aux États-Unis. La Securities & Exchange Commission (SEC), la police de la bourse aux États-Unis, vient d’approuver un changement qui donne plus de munitions aux actionnaires d’une société publique qui veulent changer la composition de son conseil d’administration.
Ainsi, c’est une victoire pour les défenseurs des droits des actionnaires minoritaires, bien que les putschistes puissent avoir toutes sortes de motivations, selon qu’il s’agit d’une caisse de retraite, d’un fonds de couverture ou d’une entreprise qui tente une prise de contrôle hostile.
En vertu de la nouvelle règle, un actionnaire qui souhaite proposer sa propre brochette d’administrateurs n’aura plus à envoyer des bulletins de vote distincts aux actionnaires et à faire campagne de l’extérieur, une opération coûteuse qui décourage nombre d’investisseurs. Même si cela lui répugne, l’entreprise visée par un putsch devra mettre les noms des candidats concurrents à ses administrateurs dans ses documents et assumer tous les coûts d’envoi."
Notons que la loi est encore loin d'avoir été approuvé par le congrès.